« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Ana, comédienne, se souvient avec tristesse, rancur et colère d’un épisode de son enfance lorsque défile la scène de son père qui la sauve de la noyade sous le regard vide et indifférent de sa mère.
À vrai dire, elle voit la mort s’inscrire dans les yeux de sa génitrice. Une mère psychorigide, distante, sans un souffle d’empathie.
Annie Degroote, auteure dont j’avais déjà apprécié l’écriture pleine de subtilités et de sensibilité dans « Un palais dans les dunes » (« Littérature sans Frontières » du 13 février 2011), raconte dans « Les perles de la Moïka » (Presses de la Cité) l’histoire fabuleuse de trois générations de femmes s’étirant de 1903 à 2003, de Saint-Pétersbourg à Paris en passant par le nord de la France, une saga façonnée de destins bouleversants, de secrets et de quêtes touchantes.
Avec quelques citations choisies au fil d’un récit palpitant, voici dans toute sa profondeur l’écriture de cette auteure qui fait voyager de manière subtile le lecteur d’un pays à l’autre, d’une femme à une autre, dont une mère « ressuscitée », d’une intrigue à une révélation, d’un fait historique à une anecdote, Raspoutine-le-Débauché y compris :
« Admettez qu’une vie n’est pas toujours faite d’un seul amour, et que notre cur peut aimer de nouveau, sans renier ses premiers émois. »
« Les regrets sont d’horribles pertes d’énergie. »
« L’instinct de survie ensevelit toute forme d’humanité. »
« Il existe un palier où l’on finit par s’habituer à la faim permanente, aux morts que l’on voit, on devient presque indifférent, pour survivre. »
« Au plus fort d’un drame, un rêve ou un souvenir peut vous aider à tenir. »
Et, à la lecture des malheurs atroces vécus sous Staline et ses sbires, il en a fallu des rêves et des souvenirs pour survivre
Et la mort dans les yeux de la mère d’Ana, qui était-elle, au juste ?
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